Infamous 2 est un immense troll, tout dans ce jeu est fait pour vous faire rager et donner envie de casser des choses chez vous.
Si jamais vous vous inquiétez pour les spoilers potentiels dans cet article pas de problèmes: le noir du 1 est en fait la Bête et Cole meurt à la fin, en tuant au passage tous les porteurs existants et potentiels du monde. /fin

Là où Infamous proposait des pouvoirs de base qui évoluaient au fil de l'aventure, Infamous 2 vous impose 35 pouvoirs différents mais "pas trop quand même": ainsi donc le tir de base se décompose maintenant en un tir alpha, un tir plus large, un qui va plus loin, un plus puissant et un "en chaine" ; la grenade en alpha, collante, électrique, spéciale, multiple :etc :
Enfin ce n'est pas un drame, il y'a les pouvoirs de glace et de feu pour rattraper ça. Ou pas, vu que ce sont en majorité des variantes des pouvoirs de Cole : grenade napalm, explosion de glace, tempête givrée...

Je serais mauvaise langue en disant qu’il n’y a pas de pouvoir original : « la courroie éclair » est un excellent ajout à l’arsenal de Cole : une sorte de fouet… électrique, crée sur commande permettant de s’accrocher à toutes les surfaces pour les escalader sans suer, le tout avec une allonge monstrueuse.
Seul souci, on récupère le pouvoir environ 1h avant de finir le jeu…


Le jeu est aussi plus difficile, mais pas à cause d’une meilleure IA ou de missions plus dures : vous vous faites juste pourrir la gueule par les premiers péquenauts rencontrés, avec la nette impression de jouer non pas un super-héros mais une crêpe qui se fait sans cesse retourner pour finir fourrée au maximum.
L’ia d’ailleurs, à la manière de Killzone 3, a subi un downgrade massif. La plupart du temps, les ennemis ne vous remarquent pas quand vous êtes à un ou deux mètres d’eux, et d’une manière générale les porteurs de bazooka vous allumeront à bout portant, comme si c’était un shotgun…
Au niveau des missions, c’est « juste » un désastre. On accusait souvent celles du 1 d’être soit répétitives, mauvaises ou chiantes, mais force est de constater que Sucker Punch a préféré bosser sur le moteur du jeu plutôt que d’écrire un scénario de mission intéressant.

On en trouve bien quelques unes sympas, mais c’est soit vers la fin du jeu soit du côté obscur de la force, le reste étant un habile mélange de Fedex, « va donc voir au fond de la ruelle si tu peux massacrer une douzaine de personnes » et d’une mise en scène digne d’un bon épisode de Plus Belle La Vie.
En fait, on en arrive à regretter les missions du premier Infamous, qui étaient toutes rattachées à l’histoire de façon cohérente, elles.

Mince, j’ai oublié de parler des missions générées aléatoirement par le jeu, mais dois-je vraiment gâcher de l’encre virtuelle pour vous expliquer que c’est toujours une action simple (sauver un otage, désamorcer une bombe, griller un homme statue), le tout enroulé dans une répétitivité lassante ?


Graphiquement par contre, le jeu a subi une grosse amélioration, tout ou presque est plus beau.
« Presque », parce que j’ai rarement vu des barbes aussi dégeulasses dans un jeu vidéo, on dirait des poils intimes de rouquin coupés avec des ciseaux rouillés et collés à même la peau avec de la graisse de bébé phoque.
Mais niveau direction artistique, on touche le fond de ce que peuvent proposer Marvel et DC. Entre les monstres tirés de Dead Space, ceux venus d'un croisement improbable entre Starship Troopers et Halo ou encore les monstres de RPG Japoniais, c'est un joli pot pourri ambiance « vomi gourmand » qui vous attend.
Mention spéciale à Cole lui-même, qui passe d’un type lambda mais pas repoussant à un sosie de Pascal Duquenne avec des muscles.


Je ne sais vraiment pas comment aborder le scénario d’Infamous 2 : c’est soit l’œuvre d’un génie du troll, un virtuose de l’art de détruire avec ce sourire en coin si particulier ; ou bien c’est juste le travail de types sans talent ni inspiration qui ont une idée vague de ce que sont les contradictions et un background.
Je ne vais pas tout vous détailler, parce que ça serait de toute façon trop long mais prenons quelques moments savoureux :

• Kessler savait apparemment qui serait la bête, et par quel moyen elle « naitrait ».
  La question est donc de savoir POURQUOI il retourne à l’époque de Cole, pour l’entrainer plutôt que de tuer John et de ravager les premiers fils pour empêcher la création de la métasphère.

• « LE GROS TWIST DU JEU » vous apprend que la Bête n’est autre que John (il faudra d’ailleurs bien 10mn à Cole pour le réaliser, alors qu’un noir qui se téléporte devant vous, habillé d’un simple costume rouge et bourré de cicatrices comme le monstre de 15m qui essaie de vous tuer depuis 2 semaines c’est ce que l’on appelle communément un « indice »…) mais surtout qu’il n’est pas juste méchant.
  Non, en fait John c’est Magneto dans les films Xmen les doigts crochus en moins : il propose à Cole de l’aider à sauver les mutants porteurs, d’une maladie ravageant l’humanité.
  Maladie que Kessler/Cole a lui-même déclenché avec la première métasphère au passage)

• La Bête, à la fin de la partie « infamous », annonce à Cole qu’elle n’a plus assez d’énergie pour continuer sa mission et lui offre ses pouvoirs.
  Hormis la pirouette scénaristique minable, pourquoi Kessler/Cole aurait ’ils si peur de la Bête si de toute façon sa vie était limitée à un certain laps de temps/montant d’énergie.
  

• En partant du principe qu’il est possible de créer des porteurs puissants en masse, ça ne vient à l’idée de personne d’en faire une trouzaine pour les envoyer contre la Bête ?

• Cole a beau être le porteur le plus puissant d’après tous les personnages de l’histoire, il est toujours incapable de se téléporter/voler. Par contre, chaque nouveau porteur mettra un point d’honneur à voler/se téléporter devant vous, même pour traverser le trottoir. « u mad gamers ? »

En résumé et en dehors du très bon travail apporté au personnage de Zeke, qui est à relativiser vu la relative médiocrité de Cole et des 2 gourdes, Infamous 2 est un ratage, à l’image de ce qu’était Sly Racoon 2 par rapport au premier.
Le jeu est toujours fun, mais il fait moins bien sur quasiment tous les plans par rapport à Infamous et vous laissera forcement sur votre faim avec un mode histoire qui se boucle en 6h.
Petite mention spéciale à la version française, qui propose quand même un doublage qui tabasse de l’huitre thaïlandaise.
Et aux « porteurs de glace » hurlant « CROQUETTE » à chaque fois qu’on leur balance un missile.

Infamousse 2 : 3/10
( Infamous 1, après 4 runs complets : 6/10)

Aka.